Voici la conférence que j’ai donnée pour la première fois à Bogotá en août 2017 sur la conception de personnages dans les œuvres artistiques, à destination d’étudiants qui débutent dans le domaine.
Cette conférence a été donnée en français traduit en espagnol.
Version écrite complète de la conférence
Quand on m’a invité à faire cette conférence, on m’a demandé de parler de character design.
Mais finalement, comme c’est déjà sur internet, je me suis dit que j’allais faire autre chose… Je ne vais pas parler non plus de dessins de bonhommes, ça aussi, on en a plein sur internet…
Je vais vous parler de plein de choses. De cinéma, de court-métrages, de BD, de mes étudiants1)La liste complète des œuvres dont je parle est disponible en bas de l’article…
Et puis, comme il y a des gens plus doués que moi pour parler de ça, j’ai demandé un coup de main à des gens qui connaissent mieux le sujet, mes copains Sigmund, Carl, et Aristote…
Je vais vous expliquer pourquoi je n’ai pas aimé Dunkerque2)Dunkirk. Long-métrage de Christopher Nolan. Royaume-Uni, Pays-Bas, France, USA. 2017. alors que j’ai aimé Il faut sauver le soldat Ryan3)Saving Private Ryan. Long-métrage de Steven Spielberg. USA. 1998.. Ou bien de pourquoi Life4)Life. Long-métrage de Daniel Espinosa. USA. 2017. est vraiment nul alors que Alien5)Alien. Long-métrage de Ridley Scott. Royaume-Uni, USA. 1979. est un chef d’oeuvre. Ou, pour le dire autrement, je vais vous parler de ce qu’il y a en commun entre Martin Scorsese6)voir Raging Bull, Taxi Driver, Les Affranchis… et Nanni Moretti7)voir Habemus Papam, Mia Madre….
Tout se joue sur la présence, ou non, de personnages, complexes, profonds, intéressants.
Quel que soit le support – film, animation, graphisme, peinture, photographie, etc. – on a un message à faire passer, une histoire à raconter.
Et cette histoire, la manière la plus efficace, la plus immersive de la raconter, c’est souvent de la faire vivre à des personnages forts. Des personnages auxquels le spectateur s’identifie, pour lesquels il a de l’empathie.
Cette empathie ne naîtra que si le personnage atteint la complexité et la profondeur d’un véritable être humain, avec ses traits principaux, ses traits secondaires et ses contradictions, qui lui sont propres, ou qui lui sont extérieures. Et ce, que le personnage soit lui même humain ou non.
Voilà le point de vue que je vais essayer de vous montrer : ce qui, selon moi, doit être pris en compte dans la création, la conception, le design, pas seulement graphique, d’un personnage portant l’histoire que l’on veut raconter.
Écriture
Les personnages sont le support de l’histoire à raconter, du message que l’on veut passer, et ils doivent être conçus en le gardant toujours ça à l’esprit. On commence donc par écrire et définir l’histoire, le message, ce qu’on veut que le spectateur ressente, ce dont on veut qu’il se souvienne.
Ça, c’est une évidence !
Quelques mots sur le passé du personnage…
On entend souvent que pour créer dans notre histoire un personnage crédible, il est important d’écrire son passé, son vécu, dans une conception très Freudienne (et très – trop – en vogue à Hollywood) disant que le vécu, et en particulier les traumatismes du personnage, font ce qu’il est dans le présent de l’histoire.
De nombreux films hollywoodiens appliquent tellement bien cette règle qu’ils fatiguent le spectateur avec une scène tellement courante qu’elle est caricaturale à chaque fois : un personnage, principal ou secondaire, raconte à l’autre un épisode précis de son passé, censé expliquer son état d’esprit présent, ou peut être justifier les décisions qu’il a à prendre. Un épisode qui pourra aussi servir à décider un personnage à passer à l’action…
Définir et concevoir le personnage par ses actes, par des mises en situation, qui révèlent sa personnalité et ses buts.
J’ai une approche différente. Je pense qu’on peut tout à fait se passer de cette scène de dialogue insupportable. Et ce n’est pas moi qui le dit, c’est Aristote.
Si, dans son dialogue, l’orateur « ne décide ni n’évite rien du tout », alors ce dialogue « n’a pas de caractère8)Il faut ici entendre le mot caractère autant comme caractérisation que comme personnage. ».9)source : wikipedia
Ce qui est important, ce sont les actes du personnages, ce n’est pas son état, ce n’est pas ce qu’il est, mais c’est ce qu’il fait, et surtout dans quel but il le fait.
Un personnage est défini par « ce qui révèle la décision, de quelque type que ce soit ».10)source : wikipedia
Sachant ça, un bon moyen de caractériser un personnage, plutôt que d’écrire son passé, c’est d’imaginer ce qu’il fait, ce qu’il décide, ses réactions quand il est confronté à des situations bien précises.
Ces exemples ont directement servi dans les films – des films aux personnages bien écrits – mais ces scènes peuvent aussi simplement rester des outils de travail qui n’y apparaissent pas, fournissant juste éventuellement des traits de caractères utiles.
Mais surtout, en définissant quelle est la réaction du personnage, il faut bien prendre en compte les motivations du personnage. Qu’est ce qui le pousse à agir comme ça ? Pourquoi fait-il ces choix, dans quel but ?
L’intérêt n’étant pas de justifier ce qu’il fait par son passé, mais plutôt par son avenir. Le spectateur n’attend pas de comprendre ce qui a mené le personnage à être ce qu’il est, mais il a besoin d’en comprendre les buts, les intentions (sauf exception, pour ménager un suspense par exemple ; je parle des motivations générales). Et il faut que ces motivations soient en accord avec les traits de caractère généraux du personnage.
Si ces scènes imaginées ne font pas nécessairement réellement partie de l’histoire que l’on raconte, elles aident cependant à définir le personnage de manière bien plus complexe et subtile, tout en donnant des idées qui alimenteront la manière de le présenter, et de faire évoluer l’histoire à travers les actes du personnage, et non de manière trop gratuite, trop hasardeuse.
C’est aussi l’occasion de faire connaissance avec son personnage, de bien le connaître alors qu’il prend vie. Et ça évite de lui faire jouer des scènes contradictoires, ça évite de faire des erreurs sur sa personnalité.
Je viens de revoir Alien vs Predator11)Long-métrage de Paul W.S. Anderson. USA, Royaume-Uni, République Tchèque, Canada, Allemagne. 2004.. Je ne m’attendais pas à un bon film, mais les personnages sont vraiment mal – et peu – écrits, et du coup les erreurs sont grossières. Le personnage principal est une femme, noire, dans un effort (un peu grossier) de diversité. Du coup, de manière un peu caricaturale, c’est aussi une femme forte, un leader, la cheffe, un peu autoritaire, à l’opposé complet de la princesse Disney. Mais il y a quand même une scène, vers le milieu du film, où elle craque, où elle se met à pleurer, où elle a une attitude enfantine, refusant d’avancer. Évidemment, c’est l’homme étasunien blanc et fort qui la remet sur pied, qui prend le dessus, qui prend le rôle du leader et qui débloque la situation. Cette scène – en plus d’être sexiste – est en totale contradiction avec le personnage, et rien ne fonctionne ; les acteurs eux mêmes ne savent pas comment la jouer, ce qui se voit, en plus de détruire le peu de personnalité du personnage principal et d’effacer la volonté de diversité de l’auteur.
L’histoire racontée et les actes du personnage doivent être cohérents et se confondre naturellement, l’un faisant avancer l’autre, guidant le spectateur où l’on veut qu’il aille, sans artifice et sans besoin d’intervention divine (Deus Ex Machina) ou intervention du hasard.
Style
Une fois l’histoire et le personnage écrits, on peut commencer à réfléchir au style graphique de l’ensemble, en cohérence avec l’univers présenté, pour immerger le spectateur et porter le message.
L’originalité de la direction artistique viendra naturellement de l’univers et du personnage lui même, s’ils sont écrits de manière suffisamment subtils pour être uniques.
Ainsi, l’univers médiéval de Brendan et le secret de Kells fait un choix graphique sans perspective, et la naïveté du personnage principal se retrouve dans la douceur des courbes et l’apparente simplicité des formes épurées des personnages.
C’est Brendan, le personnage principal, qui vit l’histoire qui nous est racontée, et les personnages sont donc vus, et stylisés par le character designer, à travers les yeux de Brendan lui même.
On retrouve le même genre d’approche dans Le Garçon et le Monde, au style proche de dessins d’enfants, dans le choix du crayon de couleur, pour un film qui décrit le monde vu par un enfant.
Quoi de plus logique dans Metropia, que de construire les personnages à partir de photomontages dans un film qui parle, entre autres, de la surveillance de masse ? De faire de ces personnages des pantins en papier découpé, comme si ils étaient manipulés par un narrateur marionnettiste ?
Un style proche de ce que l’on retrouve dans Monsieur Cok, qui parle aussi de manipulation ; ici le personnage, dirigeant d’une entreprise d’armement, prend la forme d’un obus…
Dans Fragile, les personnages, des morts revenus à la vie, mais contrairement aux zombies habituels, sans être immédiatement dangereux et sanguinaires, gardant leurs sentiments humains, sont dessinés avec un encrage très présent, des formes dures, comme des cicatrices, mais avec des proportions réalistes et une finesse qui permettent de faire ressortir des sentiments pouvant être très doux.
Quand on parle de style graphique, je parle par commodité d’images complètements dessinées et pas de prise de vues réelles, mais il y a évidemment aussi un choix de style en prise de vues, dans la photographie, et tout ce qui peut être construit pour le film, les décors, les accessoires… J’y reviendrai.
Et à ce sujet, le niveau de réalisme est un choix important, pour jouer avec la distanciation avec le spectateur, et l’abstraction. Ainsi, une des nombreuses raisons de choisir l’animation plutôt que la prise de vues réelles peut être justement de créer une certaine distanciation et faire passer des images qui ne passeraient pas autrement.
Comme ici dans Valse avec Bashir, un documentaire où Ari Folman a choisi l’animation, qui aide, entre autres, à faire passer la violence de la guerre au Liban en 1982. D’ailleurs, c’est aussi pour mieux nous dégouter avec des images d’archives à la fin.
Où comme dans Nuts!, autre documentaire où l’animation permet de faire croire au spectateur qu’il voit… Une fiction. Je n’en dis pas plus pour vous ménager la surprise si vous le voyez, mais c’est un film, et une histoire exceptionnels !
Sur le même principe, Horror Humanum Est, une série sur les horreurs de l’humanité qui est traitée dans un style très naïf, alors que les sujets sont particulièrement violents : viols, génocides, tortures…
Design
Une fois le style défini de manière générale, on peut travailler le dessin des personnages eux-mêmes.
C’est le travail auquel on pense quand on parle de character design, et au final, c’est presque le plus facile et le plus évident, si on a bien pensé tout le reste.
Attention, je ne dis pas que le travail de character designer est facile, il nécessite évidemment une grande maîtrise du dessin et une grande culture !
Je veux dire qu’il s’intègre dans une réflexion, menée par les auteurs, qui doit être bien plus vaste que ça.
Si cette réflexion est bien faite, que l’écriture a été correctement menée, on a déjà une liste de mises en situations du personnage, on sait comment il agit dans différentes situations, on sait ce dont il a besoin et ce dont il ne se sépare jamais.
Bref, on peut définir son apparence physique, la façon dont le temps a fait son œuvre sur son visage, si ses rides montrent un personnage habitué à sourire ou qui est concentré tout le temps, on sait qu’il a une cicatrice sur la fesse et qu’il préfère porter des bretelles plutôt qu’une ceinture. On sait si il passe une heure à se préparer le matin, où juste 5 minutes.
Et bien sûr on sait aussi comment il se tient, on peut dessiner différentes attitudes.
Le design est porteur de sens et du message de l’artiste.
Tout ce travail découle naturellement de l’écriture du personnage, qui elle même découle de l’histoire et du message que l’on veut porter au spectateur. Le personnage est donc le véhicule de ce message, et son design y participe.
Dans Alien13)Alien. Long-métrage de Ridley Scott. Royaume-Uni, USA. 1979., le monstre représente de manière générale les peurs inconscientes et en particulier la sexualité, et sa tête phallique n’est bien sûr pas un hasard.
Le personnage peut être invisible
Et parfois, le design du personnage peut prendre des voies très détournées. Dans Her14)Her. Spike Jonze. USA. 2013., le personnage féminin, une intelligence artificielle, n’a tout simplement pas de design, elle est désincarnée. Même si c’est une intelligence artificielle, il aurait pu y avoir le choix de lui donner un visage sur un écran, ou une présence physique. En l’incarnant uniquement dans une voix, son omniprésence est mise en valeur, son aspect divin bien plus fort.
Le personnage peut changer de forme
On peut aller aussi loin qu’on veut, jusqu’à modifier le design du personnage pour l’adapter aux besoins de la narration suivant différent moments de l’histoire. Si le Dracula de Coppola peut changer de forme, ce n’est pas juste parce que c’est un vampire, c’est aussi une technique narrative. Qu’il soit beau pour séduire Mina, ou dans sa forme pleine de noblesse déchue dans son château.
Ou par exemple dans la scène ci-dessus, où les héros pénètrent dans la chambre de la créature (à ce moment là dans sa forme jeune et humaine avec Mina), mais, pour des besoins scénaristiques, ne doivent pas réussir à l’attraper, malgré un dialogue entre eux. Comment faire pour justifier le fait qu’ils ne fassent rien, qu’ils n’approchent pas du monstre ? Le scénario ne réglait pas ce problème, et c’est tardivement qu’est venue l’idée de donner à ce moment précis une apparence repoussante à Dracula, suffisamment repoussante pour retenir les héros.
Le personnage divisé
Et pourquoi ne pas diviser le personnages en plusieurs, répartissant à chacun un trait particulier ?
La complexité du personnage est ainsi divisée, et chacun des “avatars” devient un personnage plus simple ; on dit qu’il est plus “plat”, comme le sont souvent les personnages secondaires, en opposition au personnages “ronds”, les plus complexes, plus humains, auxquels on s’identifie plus facilement. Les deux (ou plus !) personnages ont alors souvent une apparence en totale opposition, bien visible sur les exemples ici.
On peut ainsi mettre en scène deux personnalités différentes et antagonistes d’un même personnage, qui s’opposent grâce à leur incarnation dans deux représentations différentes.
La force de Black Swan, ou Mulholland Drive, par opposition à Fight Club par exemple, est que les “avatars” du personnage unique dont le film parle gardent un niveau de complexité élevé, apportant du mystère ou une subtilité, une finesse qui aide à l’empathie du spectateur, que l’on ne retrouve pas, à mon avis, dans Fight Club où les deux avatars sont plats et caricaturaux.
Intéractions
On arrive ainsi à un personnage dont on a décidé de l’apparence physique, en l’intégrant dans un style graphique, dans une narration et dans un univers, le tout en cohérence et au service de l’histoire et du message, de l’émotion, que l’on adresse au spectateur.
Mais revenons sur la clef de la conception du personnage, c’est à dire la façon dont il agit, la façon dont on va construire et imaginer ses actes, qui a leur tour vont influencer la façon de le représenter.
« La tragédie est la représentation, non pas d’êtres humains, mais d’actions et de la vie. »15)source : wikipedia
Une autre façon de parler des actions des personnages est de parler plus précisément d’interactions.
Comment le personnage agit-il face à l’introduction d’un autre élément ?
Avec les autres personnages
« L’étude d’un personnage nécessite une analyse de ses relations avec tous les autres personnages de l’œuvre ».16)source : wikipedia
C’est dans leur rapport aux autres que les personnages prennent toute leur dimension.
Les interactions entre eux peuvent-être aussi variées que les types de personnages, allant du conflit ouvert entre deux personnages que tout oppose, à la relation étroite d’un couple…
A moins de n’avoir qu’un seul personnage pour raconter l’histoire, ce qui est rare (même dans Seul Au Monde, Tom Hanks se fabrique un personnage, Wilson le ballon), la conception des personnages passe par la mise en relation entre eux.
Des personnages complémentaires
Ici par exemple, Entre tes mains, un film de mes étudiants à Supinfocom parlant des relations dans un couple. Les personnages, semblables, tout en courbes douces, sont complémentaires dans la forme et la couleur, et forment un tout une fois réunis, comme deux pièces de puzzle. C’est l’introduction d’un élément brut et différent, les cristaux rouges, sur l’homme uniquement, qui va déstabiliser la relation entre les deux.
Des personnages qui s’opposent
Ou dans Émerge, film d’autres étudiants, qui symbolise – entre autre choses – la difficulté à se comprendre en formant un couple, grâce à deux animaux aussi différents qu’un ours et un poisson.
Le cas Pixar
Le cas de Pixar est intéressant à remarquer ; très souvent, leurs films sont l’histoire de l’évolution d’un personnage principal, poussé, tiré ou soutenu par un deuxième personnage important et presque complètement opposé dans la caractérisation, ainsi que par toute une collection de personnages secondaires dont le seul rôle est de faire grandir le personnage principal.
Cette antagonisme entre les deux personnages principaux se retrouve de manière presque caricaturale dans leur apparence physique :
Dans Là-Haut! Le personnage principal, un vieux monsieur gris et tout carré, est emmené par un enfant, coloré et tout en courbes.
Dans Toy Story, tout le monde connait Woody, personnage tout en souplesse et en tissu, supporté par Buzz le raide en plastique.
Dans Wall-e, le petit robot carré, vieux sale, rouillé et cloué sur terre est sorti de sa solitude par Eve le robot aérien, propre et lisse.
On pourrait continuer et étendre cette liste à presque tous leurs films…
The American Dream
Soit dit en passant, on retrouve comme ça un certain systématisme dans la construction des films de Pixar, qui mettent souvent en valeur une réussite personnelle, d’un personnage meilleur que les autres, dans un propos très individualiste, une représentation finalement assez classique aux états-unis de l’American Dream.
Avec le décor
Autant c’est logique de concevoir les personnages des films ensemble, autant on peut oublier de concevoir les personnages dans les décors et en relation avec les décors.
Le décor en tant qu’extension du personnage
Le décor peut être une extension du personnage, comme dans Les Démons de Ludwig. Le film met en scène Beethoven et son esprit alors qu’il joue sa musique. Les émotions de Beethoven sont incarnées par deux démons que tout oppose, et le décor est la projection de cet état d’esprit, tout en opposition de noir et de blanc.
Beethoven ne dirige pas un orchestre, mais reste seul face à son piano pour pouvoir appuyer ce contraste noir et blanc, et le film se déroule aussi bien dans la tête de Beethoven que sur la scène et dans le piano. Ici le décor tout entier représente le personnage.
Je reviens sur le film de mes étudiants, Entre tes Mains, où le décor représente aussi une projection de l’esprit du personnage, et évolue conjointement avec lui. Encore une fois, le décor est la métaphore exacte de l’esprit du personnage.
D’une manière moins directe, mais presque aussi évidente, l’intérieur du Nostromo, le vaisseau d’Alien – un gigantesque labyrinthe sombre dans lequel évolue Ellen Ripley, fait de couloirs et de recoins – peut représenter une introspection de Ripley, une évolution dans le labyrinthe de son propre inconscient, où elle affrontera ses peurs les plus enfouies. C’est tout naturellement que l’Alien se fond lui même dans ce décor, jusqu’à y disparaître sans pour autant être caché, pouvant aisément être confondu avec les tuyaux et mécanismes du vaisseau.
En parlant d’Alien, dans les oeuvres de H.R. Giger, le créateur du monstre, on retrouve souvent cette fusion du personnage dans son décor, jusqu’à ne plus pouvoir distinguer les deux.
Le décor en opposition au personnage
A l’inverse, le personnage peut se retrouver en totale opposition au décor, comme ici Wall-e, vieux et sale, dans le vaisseau propre et moderne des humains.
Quoiqu’il arrive, le décor et le personnage sont construits ensemble pour qu’ils puissent se répondre en cohérence avec l’histoire à raconter.
Le décor en intéraction avec le personnage
Et ils peuvent même interagir ; on retrouve énormément dans l’expressionnisme allemand l’usage du décor pour projeter l’état d’esprit du personnage, l’exemple le plus marquant étant le Cabinet du docteur Caligari.
Dans les décors de Nosferatu et Le Cabinet du Docteur Caligari ci-dessus, le personnage interagit et se projette concrètement, via la composition de l’image ou son ombre par exemple, dont Coppola s’inspire ci-dessous dans Dracula, où l’ombre recouvre de manière très symbolique une carte de Londres.
Voici un autre exemple évident dans Black Swan, l’usage d’un miroir permettra de démultiplier le personnage, de montrer de lui plusieurs facettes, de parler de ses différentes personnalités.
Le décor raconte le personnage
D’une autre manière, le décor peut être le complément du personnage, donnant au spectateur énormément d’informations sur le personnage. La création du décor est l’occasion de placer toutes ses informations qu’on a réunies sur lui lors de l’écriture. Toutes ces mises en situations qu’on a faite, mais qu’on n’a pas utilisées dans l’histoire elle même, peuvent servir à alimenter le décor, et faire que même un personnage secondaire, placé dans son décor, a une profondeur importante, un univers à lui, que le spectateur va percevoir.
Quand Hitchcock présente le personnage de James Stewart dans Fenêtre sur Cour, il utilise un long travelling sur le décor de son appartement, qui permet au spectateur d’en savoir énormément sur lui.
C’est ce que font magistralement les frères Coen: regardez leurs films, vous verrez qu’ils filment quasiment tous leurs dialogues d’une façon très particulière17)A ce sujet, regardez l’excellent épisode de « Every Frame a Painting ». Les frères Coen mettent la caméra devant l’interlocuteur, avec un grand angle qui donne à voir tout le décor. Le résultat, c’est que le personnage qui parle est intégré dans son décor large, qui regorge de détails et d’informations sur lui, et rapproche le spectateur du personnage.
Le décor peut s’effacer
C’est tout le contraire de la méthode plus traditionnelle et hollywoodienne où la caméra est placée derrière l’épaule de l’interlocuteur avec une longue focale qui floute tout le décor quand on filme quelqu’un qui parle et isole le personnage. Ici, le décor perd complètement son importance et son intérêt pour qu’on se concentre sur le visage du personnage.
Et d’ailleurs, à l’extrême, pourquoi ne pas simplement… Effacer le décor au profit du personnage quand on souhaite l’isoler pour se concentrer sur lui ?
Un procédé qu’on retrouve souvent en bande-dessinée, comme ici dans Spawn où le personnage est suffisamment détaillé est représente presque un décor à lui tout seul, ou dans la Caste des méta-barons où le détail des visages et des émotions suffit et risquerait d’être “pollué” par un décor trop présent.
C’est évident en bande-dessinée, mais on le retrouve aussi bien en animation, comme ici dans Le Garçon et le Monde ou encore en prise de vues comme dans Black Swan.
Ainsi, il est très important de mener ensemble les réflexions autour du décor et des personnages, les décors permettant d’apporter les éléments narratifs, les contradictions, la profondeur, l’état d’esprit du personnage autant que le design du personnage lui-même, et d’anticiper les interactions entre les deux. Plutôt que de simplement poser un personnage dans un décor.
Avec le spectateur
Finalement, tout ce à quoi on réfléchit ici, c’est comment parler au spectateur via un personnage. Autrement dit, la finalité, l’interaction qui compte, c’est celle entre lui et le spectateur.
Il ne suffit pas de savoir ce que nous voulons, en tant que créateur, mettre dans le personnage et ce que nous voyons en lui. La vraie difficulté, c’est de savoir ce que le spectateur verra et ressentira, de générer l’empathie d’un spectateur qu’on ne connaît pas, de faire qu’un parfait inconnu puisse s’identifier au personnage qu’on a créé…
The Uncanny Valley
Je commence par un exemple parlant, le concept bien connu maintenant de ce que les étasuniens appellent l’uncanny valley.
Si on représente sur un graphique sur l’axe vertical l’empathie envers un personnage, et sur l’axe horizontal son degré de réalisme, l’empathie augmente avec le réalisme, sauf à un niveau proche du réalisme, mais pas complètement réaliste, où il y a un trou, une vallée où l’empathie chute et le spectateur éprouve un certain rejet du personnage.
En voici un exemple, dans un film (encore) de mes étudiants, Stockholm. Ici, les étudiants ont fait le choix de créer des personnages photo-réalistes. Si le résultat fonctionne en image fixe, leur façon de bouger, leur animation, n’atteint pas le même niveau de réalisme, et les personnages tombent dans cette “uncanny valley”, provoque un rejet des spectateurs. Et là où ça devient intéressant, c’est que ça sert le propos du film ! Le but étant de mettre le spectateur mal à l’aise, de provoquer une espèce de dégoût, ce qui aurait pu être un défaut peut être vu ici comme une vraie plus-value au film.
Cela dit, à propos de cette théorie de l’ “Uncanny Valley” dont on entend souvent parler, les études montrent qu’il n’est pas si évident que l’effet existe réellement, scientifiquement et psychologiquement parlant. Voici une courbe plus juste et plus scientifique18)voir sur Wikipedia…
Mais aussi et surtout, c’est très lié à la culture du spectateur lui même. Un jeune qui a l’habitude de l’image de synthèse sera bien moins gêné que nos grands parents…
C’est le nœud du problème, quand on parle de l’interaction entre le personnage et le spectateur : connaître la culture du spectateur, savoir à quoi il va réagir et comment il va réagir.
Des stéréotypes et des archétypes
Un moyen d’y pallier est de connaitre les stéréotypes – souvent culturels – tels que la naïve princesse Disney, l’homme d’affaires en costume, le scientifique un peu fou, etc. Et de jouer avec, de plus ou moins les casser – ce qui peut en soi constituer un message important pour le spectateur (je reviens sur ce que je disais sur Alien vs Predator et la fille noire en héroïne forte) – de surprendre le spectateur. Bref, le stéréotype est un outil narratif intéressant, à condition de bien en avoir conscience et de jouer avec ; si on ne fait que les suivre (comme dans Independence Day19)Independance Day. Long-métrage de Roland Emmerich. USA. 1996. ou Avatar20)Avatar. Long-métrage de James Cameron. Royaume-Uni, USA. 2009. par exemple…) les personnages sont inévitablement ennuyeux, donnant l’impression qu’on a appliqué une “recette” (et qu’on n’a rien à raconter). A moins bien sûr d’user d’ironie et de second degré, comme le fait magistralement Paul Verhoeven dans Starship Troopers21)Starship Troopers. Paul Verhoeven. USA. 1997..
Au niveau de la personnalité, on retrouve un peu le même principe avec les archétypes, dont on sait qu’ils sont plus ou moins universels pour construire les personnages – bien qu’en réalité, un archétype lui même est aussi lié à une culture précise.
- l’innocent
- l’orphelin
- le héros
- le soignant
- l’explorateur
- le rebelle
- l’amant
- le créateur
- le joker
- le sage
- le magicien
- le dirigeant
Carl Jung22)voir Wikipedia pour plus de détails sur le travail de Jung et les archétypes propose ainsi douze archétypes qui permettent de façonner une base pour des personnages, en pouvant bien évidemment jouer sur des combinaisons de différents degrés.
Il est intéressant de voir aussi comment un archétype peut s’associer à un autre pour construire une relation facilement entre plusieurs personnages. Par exemple, un orphelin, Wall-e, et une soigneuse, Eve. Ou les deux faces du cygne de Black Swan, innocente et rebelle.
La profondeur du personnage viendra de la capacité à broder autour de ces archétypes pour lui donner une individualité et générer de l’empathie, comme Ripley dans Alien, tandis qu’on peut au contraire rester dans quelque chose de simple, plat, caricatural mais universel, pour provoquer une réaction émotionnelle simple, comme l’Alien lui même qui provoque, de manière universelle, peur et dégoût.
Des symboles, des représentants de leur classe, groupe, minorité…
Ce jeu avec le spectateur, et sa culture, permet de représenter plus qu’un personnage. On peut ainsi être face à un symbole, par exemple représenter le capitalisme triomphant (Gatsby le Magnifique23)The Great Gatsby. Roman de Francis Scott Fitzgerald. USA. 1925.), le romantisme chimérique (Don Quichotte24)El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha. Roman de Miguel de Cervantes. Espagne. 1615.) ou encore le rêve américain (Rocky Balboa25)Rocky. Long-métrage de John G. Avildsen. USA. 1976.).
De la même façon, le personnage peut aussi être le représentant d’un groupe de personnages, d’une classe sociale. Un exemple emblématique est I, Daniel Blake, de Ken Loach26)Je vous conseille fortement la courte lecture Défier le récit des puissants à propos du cinéma de Ken Loach, d’autant plus intéressant qu’il a un titre qui met l’accent sur un individu alors que le personnage est en fait le représentant de toute une classe sociale. D’ailleurs dans le film, Ken Loach fait le récit de cette classe sociale, et le personnage principal n’est que le fil conducteur de sa description, à l’extrême opposé de la construction individualiste des films de Pixar dont je parlais plus tôt. Ici le personnage représente un destin collectif.
Mettre en abyme le personnage
Enfin et pour terminer, pour rappeler encore une fois que tout est possible dans la création d’un personnage, pourquoi ne pas jouer avec le concept même et brouiller les frontières entre le personnage et ses actions, l’acteur qui le joue, et la vie réelle, comme dans Dans la peau de John Malkovich, ou l’acteur John Malkovich joue le rôle du personnage de fiction – lui aussi acteur – John Malkovich.
Distanciation entre l’acteur, le réel, ce qui joue le personnage, et le personnage fictif lui-même.
On peut ainsi brouiller les pistes, et aborder le sujet du personnage tel qu’il est écrit, et de la distanciation déjà créée par sa représentation. Le Roi Lion27)The Lion King. Roger Allers, Rob Minkoff. USA. 1994 n’est un lion que parce qu’on nous raconte que c’est un lion. Mais ce n’est dans la réalité qu’un dessin. Tout comme Sigourney Weaver n’est Ripley que parce qu’on nous dit de voir Ellen Ripley, et pas l’actrice Sigourney Weaver.
On peut d’ailleurs utiliser aussi le fait que le spectateur connaisse l’acteur et jouer avec cette distanciation. Dans Nightwatch28)Night Watch. Long-métrage de Timur Bekmambetov. Russie. 2004. et Daywatch29)Day Watch. Long-métrage de Timur Bekmambetov. Russie. 2006., les gardiens de la lumière et les gardiens de l’ombre se font face. Si les gardiens de l’ombre, les « gentils », sont des losers, et joués par des inconnus, les gardiens de la lumière, les « méchants », qui aiment l’argent, le showbiz et se montrer, sont joués par des chanteurs et autres stars connues (en Russie), ce qui sert le personnage fictif qu’ils jouent.
Ülo Pikkov l’explique très bien, et justement efface cette distanciation dans ces court-métrages : ce qu’on voit n’est pas une représentation, une image du personnage à laquelle on doit croire, mais le personnage lui même.
Quand il anime une poupée, ce n’est pas pour faire croire au spectateur qu’il voit une petite fille, mais bien pour lui montrer la poupée elle même. Voilà qui donne à réfléchir à la conception de personnages…
Conclusion : il n’y a pas de règle !
Enfin si, il y a UNE règle : Tout doit servir et porter votre histoire et votre propos, votre message. Rien ne doit être gratuit dans votre personnage.
Si vous avez d’autres exemples ou quoi que ce soit à ajouter, profitez des commentaires pour qu’on en discute !
Liste des œuvres
Introduction
Comparaisons
- Long-métrage : Dunkerque (Dunkirk). Christopher Nolan. Royaume Uni, Pays-Bas, France, USA. 2017.
Long-métrage : Il Faut Sauver le Soldat Ryan (Saving Private Ryan). Steven Spielberg. USA. 1998. - Long-métrage : Life. Daniel Espinosa. USA. 2017.
Long-métrage : Alien. Ridley Scott. Royaume Uni, USA. 1979.
Des personnages bien écrits chez Scorsese et Moretti
- Long-métrage : Taxi Driver. Martin Scorsese. USA. 1976.
- Long-métrage : Raging bull. Martin Scorsese. USA. 1980.
- Long-métrage : Goodfellas. Martin Scorsese. USA. 1990.
- Long-métrage : Mia madre. Nanni Moretti. Italy, France, Germany. 2015.
- Long-métrage : Habemus Papam. Nanni Moretti. Italy, France. 2011.
Ecriture
- Long-métrage : Indiana Jones – Les aventuriers de l’arche perdue (Indiana Jones – Raiders of the Lost Ark). Steven Spielberg. USA. 1981.
- Long-métrage : Alien 3. David Fincher. USA. 1992.
- Long-métrage : Seul au monde (Cast Away). Robert Zemeckis. USA. 2000.
Style
- Long-métrage : Brendan et le secret de Kells (Brendan – The secret of Kells). Tomm Moore, Nora Twomey. France, Belgique, Irelande. 2009.
- Long-métrage : Le Garçon et le Monde (O menino e o mondo). Alê Abreu. Brésil. 2013.
- Long-métrage : Valse avec Bashir (Waltz with Bashir). Ari Folman. Israel, France, Allemagne, USA, Finlande, Suisse, Belgique, Australie. 2008.
- Long-métrage : Nuts. Penny Lane. USA. 2016.
- Court-métrage : Monsieur Cok. Franck Dion. France. 2009.
- Bande-dessinée : Fragile. Stefano Raffaele. Italy, France. 2003.
- Web-série : Horror Humanum Est. Cédric Villain. France. 2017.
Design
- Court-métrage : Entre tes mains. Lisa Baillon, Delphine Delannoy, Tsu-Ning Lai, Atiyyah Lallmahomed, Gwenael Renaud, Daphné Westelynck. France. 2017.
Le design a du sens
- Long-métrage : Brendan et le secret de Kells (Brendan – The secret of Kells). Tomm Moore, Nora Twomey. France, Belgique, Irelande. 2009.
- Illustration : Necronomicon IV. Illustration by H.R. Giger, Suisse. 1976.
- Long-métrage : Alien. Ridley Scott. Royaume Uni, USA. 1979.
Le personnage peut être invisible
- Long-métrage : Her. Spike Jonze. USA. 2013.
Le personnage peut changer de forme
- Long-métrage : Dracula. Francis Ford Coppola. USA. 1992.
Le personnage divisé
- Long-métrage : Fight Club. David Fincher. USA, Allemagne. 1999.
- Long-métrage : Black Swan. Darren Aronofsky. USA. 2010.
- Long-métrage : Mulholland Drive. David Lynch. USA, France. 2001.
Interactions avec d’autres personnages
Le personnage qui ne peut pas rester seul
- Long-métrage : Seul au monde (Cast Away). Robert Zemeckis. USA. 2000.
Des personnages complémentaires
- Court-métrage : Entre tes mains. Lisa Baillon, Delphine Delannoy, Tsu-Ning Lai, Atiyyah Lallmahomed, Gwenael Renaud, Daphné Westelynck. France. 2017.
Des personnages qui s’opposent
- Court-métrage : Émerge. Benjamin Bouchard, Marine Boudry, Margot Cardinael, Zoé Caudron, Camille Gras, Lucil Lepeuple. France. 2017.
Le cas Pixar
- Long-métrage : Là-Haut ! (Up!). Peter Docter, Bob Peterson. USA. 2009.
- Long-métrage : Toy Story. John Lasseter. USA. 1995.
- Long-métrage : Wall-e. Andrew Stanton. USA. 2008.
The American Dream
- Long-métrage : Cars. John Lasseter, Joe Ranfit. USA. 2006.
Interactions avec le décor
Le décor en tant qu’extension du personnage
- Court-métrage : Les Démons de Ludwing. Gabriel Jacquel. France. 2012
- Court-métrage : Entre tes mains. Lisa Baillon, Delphine Delannoy, Tsu-Ning Lai, Atiyyah Lallmahomed, Gwenael Renaud, Daphné Westelynck. France. 2017.
- Long-métrage : Alien. Ridley Scott. Royaume Uni, USA. 1979.
Le décor en opposition au personnage
- Long-métrage : Wall-e. Andrew Stanton. USA. 2008.
Le décor en intéraction avec le personnage
- Long-métrage : Le Cabinet du Docteur Caligari (Das Cabinet des Dr. Caligari). Robert Wiene. Allemagne. 1920.
- Long-métrage : Nosferatu. F.W. Murnau. Allemagne. 1922.
- Long-métrage : Black Swan. Darren Aronofsky. USA. 2010.
Le décor raconte le personnage
- Long-métrage : Fenêtre sur cour (Rear window). Alfred Hitchcock. USA. 1954.
- Long-métrage : Miller’s Crossing, Barton Fink, No Country For Old Men. Joel Coen, Ethan Coen. USA. 1990, 1991, 2007.
Le décor s’efface
- Long-métrage : La Mort Dans la Peau (The Bourne Supremacy). Paul Greengrass. USA, Allemagne. 2004.
- Bande-dessinée : Spawn. Todd McFarlane, Jonathan David Goff, Will Carlton, Szymon Kudranski. USA. 2012.
- Bande-dessinée : La Caste des Méta-Barons. Alexandro Jodorowksy, Juan Gimenez. France, Chili, Argentine. 1992.
- Long-métrage : Le Garçon et le Monde (O menino e o mondo). Alê Abreu. Brésil. 2013.
- Long-métrage : Black Swan. Darren Aronofsky. USA. 2010.
Interactions avec le spectateur
The Uncanny Valley
- Court-métrage : Stockholm. Jean-Baptiste Aziere, Victor Chavanne, Thomas Némery, Morgane Perrin, Camille Roubinowitz. France. 2017.
Personnages stéréotypés
- Long-métrage : La Firme (The Firm). Sydney Pollack. USA. 1993.
- Long-métrage : Independence Day: Resurgence. Roland Emmerich. USA. 2016.
- Long-métrage : Avatar. James Cameron. USA. 2009.
Personnages symboliques, et représentants de leur classe, groupe, minorités…
- Long-métrage : I, Daniel Blake. Ken Loach. Royaume-Uni, France, Belgique. 2016.
Mise en abyme du personnage
- Long-métrage : Dans la Peau de John Malkovich (Being John Malkovich). Spike Jonze. USA. 1999.
- Long-métrage : Adaptation. Spike Jonze. USA. 2002.
Distanciation entre l’acteur, le réel, et le personnage fictif
- Long-métrage : Night Watch. Timur Bekmambetov. Russie. 2004.
- Long-métrage : Day Watch. Timur Bekmambetov. Russie. 2006.
- Court-métrage : Empty Space. Ülo Pikkov. Estonie. 2016.
Notes
↑1 | La liste complète des œuvres dont je parle est disponible en bas de l’article |
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↑2 | Dunkirk. Long-métrage de Christopher Nolan. Royaume-Uni, Pays-Bas, France, USA. 2017. |
↑3 | Saving Private Ryan. Long-métrage de Steven Spielberg. USA. 1998. |
↑4 | Life. Long-métrage de Daniel Espinosa. USA. 2017. |
↑5, ↑13 | Alien. Long-métrage de Ridley Scott. Royaume-Uni, USA. 1979. |
↑6 | voir Raging Bull, Taxi Driver, Les Affranchis… |
↑7 | voir Habemus Papam, Mia Madre… |
↑8 | Il faut ici entendre le mot caractère autant comme caractérisation que comme personnage. |
↑9, ↑10, ↑15, ↑16 | source : wikipedia |
↑11 | Long-métrage de Paul W.S. Anderson. USA, Royaume-Uni, République Tchèque, Canada, Allemagne. 2004. |
↑12 | Alien. Long-métrage de Ridley Scott. Royaume-Uni, USA. 1979. |
↑14 | Her. Spike Jonze. USA. 2013. |
↑17 | A ce sujet, regardez l’excellent épisode de « Every Frame a Painting » |
↑18 | voir sur Wikipedia |
↑19 | Independance Day. Long-métrage de Roland Emmerich. USA. 1996. |
↑20 | Avatar. Long-métrage de James Cameron. Royaume-Uni, USA. 2009. |
↑21 | Starship Troopers. Paul Verhoeven. USA. 1997. |
↑22 | voir Wikipedia pour plus de détails sur le travail de Jung et les archétypes |
↑23 | The Great Gatsby. Roman de Francis Scott Fitzgerald. USA. 1925. |
↑24 | El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha. Roman de Miguel de Cervantes. Espagne. 1615. |
↑25 | Rocky. Long-métrage de John G. Avildsen. USA. 1976. |
↑26 | Je vous conseille fortement la courte lecture Défier le récit des puissants à propos du cinéma de Ken Loach |
↑27 | The Lion King. Roger Allers, Rob Minkoff. USA. 1994 |
↑28 | Night Watch. Long-métrage de Timur Bekmambetov. Russie. 2004. |
↑29 | Day Watch. Long-métrage de Timur Bekmambetov. Russie. 2006. |
2 commentaires
Ajouter les vôtresSuperbe conférence.
Très intéressant !! Merci !