Un flou stylisé pour l’animation
Au moment du compositing pour les films d’animation 2D, le choix du flou utilisé pour simuler la profondeur de champ (ou le choix de ne pas en mettre) est extrêmement important pour l’aspect général du film, et surtout sa cohérence en terme de style.
Voici un exemple de travail sur le flou et quelques conseils (sur After Effects). L’image utilisée est tirée de Purpleboy, de Alexandre Siqueira, un court-métrage co-produit par ma coopérative Rainbox, sur lequel nous avons notamment travaillé le compositing.
Cliquez sur les images pour les agrandir.
Flou gaussien
Le flou gaussien est clairement à proscrire : même avec une valeur relativement élevée, l’image recèle encore beaucoup de détails, et on perd beaucoup de contraste, l’image perd son rythme et sa dynamique de couleurs, ainsi que toutes ses formes.
Flou d’objectif
Si le flou d’objectif est plus réaliste, et crée quelques bokehs intéressant, il s’adapte assez mal aux illustrations et à l’animation… C’est aussi une erreur de style : sur un décor dessiné, il est trop réaliste.
Il va falloir travailler notre propre flou avec d’autres effets, pour garder un aspect illustratif et contrôler le contraste et la dynamique de l’image, conserver des formes intéressantes, et rester dansle style illustratif.
Notons que le flou d’objectif peut déjà être amélioré en traitant préalablement l’image avec un Minimax qui va permettre de contrôler un peu mieux les contrastes, les bokehs et les formes.
Cette technique peut être utile dans le cas d’une image plus réaliste, mais ici ce flou est encore trop éloigné du style de l’illustration.
Un flou stylisé
En combinant ce Minimax avec d’autres effets, nous allons pouvoir créer un effet de flou (de réductions des détails) moins… Flou. Et plus stylisé, plus pictural.
Voici la pile d’effets utilisés pour cette image :
- Minimax
- Médiane
- Turbulences
- Flou d’objectif
Le Minimax permet de conserver les hautes lumières dans la suite des opérations, et en effaçant les zones les plus sombres, il permet à la fois d’enlever des détails et de retirer les contours de l’image.
L’effet Médiane permet de « lisser » le résultat du Minimax, enlever les zones trop anguleuses et améliorer l’aspect général.
Les Turbulences (qui peuvent être remplacées par une dispersion) permettent de restaurer un côté tremblant au trait de l’image, qui est perdu en raison du Médiane. Elles contribuent à l’aspect « dessiné » de l’image.
Un léger flou d’objectif peut être finalement ajouté pour peaufiner le tout.
Simuler la profondeur
En remélangeant le résultat avec l’image d’origine et en ajustant la quantité en fonction de la profondeur, on arrive à un résultat très intéressant et stylisé, bien plus qu’avec de simples flous.
Parallaxe des yeux
J’ai profité de ce travail pour effectuer de premier tests sur une idée qui me trotte dans la tête depuis longtemps : puisqu’on simule des flous de profondeur, pourquoi ne pas essayer de simuler ce que perçoit notre cerveau au quotidien ?
J’ai donc essayé d’ajouter la parallaxe des yeux dans le flou, aussi bien réaliste que stylisé, une piste à suivre…